Meilleures athlètes… Grâce à l’école!

Août 26, 2025 | Chroniques

Générations d’impact
de Kim à Florence

 

Les artistes de la glisse sillonnent présentement la glace de l’aréna Maurice-Richard avec un enjeu ultime : représenter le Canada en patinage de vitesse courte piste aux Jeux olympiques de Milan-Cortina en février 2026. Plusieurs boursières et boursiers Aléo sont en action à ces Championnats canadiens de sélection, dont Kim Boutin et Florence Brunelle, séparées par près de 10 ans et unies par une nouvelle légèreté… acquise grâce à l’école.

 

Par François-Olivier Roberge

À l’automne 2023, Kim a pris une pause de compétition pour se concentrer sur ses études en éducation spécialisée. Florence, pour sa part, est de retour sur les bancs d’école, elle qui étudie à McGill au certificat en marketing appliqué. Ce tournant plus scolaire à leur carrière ne les a pas ralenties sur la glace, bien au contraire!

Générations d’impact. Le thème de notre compagne philanthropique incarnée ici par deux athlètes du programme de bourses Beneva: Kim (2013 à 2018 avec La Capitale) et Florence (boursière Aléo depuis 2020 et avec Beneva depuis 2025).

Des enjeux capitaux

Le processus de sélection olympique de l’équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste n’a rien de simple (comme pour tous les sports direz-vous). Un élément important à retenir: les patineuses et les patineurs qui seront choisis en décembre doivent à tout prix briller lors des Championnats canadiens qui se déroulent sur cinq jours de compétition, du 23 au 31 août. C’est crucial, décisif, impératif. Ces courses sont la première étape qui mènera, pour quelques élus, à un laissez-passer tant convoité vers Milan-Cortina 2026.

Pour les athlètes, cet ultime défi est la parfaite expression de la gestion du stress, le «ça passe ou ça casse» comme constante épée de Damoclès. Sur la ligne de départ, entourés de coéquipiers/adversaires, d’amis/compétiteurs, de futurs membres de l’équipe olympique/de futurs téléspectateurs.

Cruel. Oui!

Intense. Certes.

Enlevant et captivant.

Deux sphères, un seul chemin

Début août, j’ai discuté avec Kim, 30 ans, quadruple médaillée olympique visant ses 3e JO, puis avec Florence, 21 ans, jeune Olympienne de Pékin, pour connaître leur état d’esprit à quelques jours des sélections.

Malgré un monde d’expériences personnelles qui les séparent, nos entretiens ont mené à un constat commun : leur engagement académique fait d’elles de meilleures athlètes.

«Ça m’a tellement libéré l’esprit, c’est fou. Ç’a allégé l’anxiété que je pouvais peut-être vivre face au futur. J’ai eu des doutes en arrivant dans mon stage, la nouveauté, les incertitudes. J’ai navigué là-dedans, puis j’ai réalisé tous les outils que j’ai. J’ai vu les options qui s’ouvrent. Ç’a beaucoup soulagé les craintes de l’après-carrière», livre Kim Boutin à propos de son stage!

Un moment qui l’a recadrée sur ses priorités. «Ça m’a rappelé que quand je reviens chez nous, après un entraînement, je ne suis pas obligée de stiker sur quelque chose qui s’est passé à l’aréna. Ça m’a aidé à décrocher. Je suis mieux depuis que j’ai fait mon stage, ç’a ajouté beaucoup de perspectives dans ma carrière.»

Une jeune Kim Boutin reçoit l’une de ses bourses La Capitale (maintenant Beneva) x Fondation Aléo.

Une réalité que connaît également Florence Brunelle. Après une pause pour protéger sa santé mentale, puis en raison de problèmes de dos, une approche différente et un retour sur les bancs d’école lui permettent désormais de parler d’une nouvelle version d’elle-même, une Florence 2.0.

«Réussir à réintégrer l’école dans mon mode de vie a été l’une des clés, pour plusieurs raisons! J’ai réalisé que j’étais capable, assure la native de Trois-Rivières. Capable de combiner école et sport. J’aime ça être investie à 100% et je voyais ça très gros d’avoir deux différentes sphères. Finalement, je suis capable d’être investie dans la sphère de l’école, de switcher et de l’être au patin. Ça m’a donné beaucoup de confiance!»

« L’aspect social m’a aussi apporté beaucoup! Me faire des amis en dehors du patin, des amis qui priorisent d’autres choses. J’aime le regard sur la vie que ça m’apporte. Il y a ma bulle d’athlète de haut niveau et il y a beaucoup plus. Et, j’adore ce que j’étudie, lance l’athlète de 21 ans inscrite au certificat en marketing appliqué à l’Université McGill.»

«Pour moi, les bourses du Programme Beneva de la Fondation Aléo  , je les perçois comme un grand incitatif à aller à l’école et à trouver un équilibre de vie. Le 4 000 $ fait une différence! Mais en plus, j’ai le soutien de Beneva et la Fondation qui m’encouragent grâce à ce choix de m’investir dans ces deux sphères. Quand je vois les autres boursiers, je me dis ‘’good job! Toi aussi tu vas à l’école!’’»

Plus que la théorie, Kim et Florence expriment littéralement mot pour mot des notions que nous entendons notre collègue Sophie Brassard répéter lors de chaque remise de bourses.Ces deux étudiantes-athlètes le vivent, ce n’est plus de la théorie, c’est la vraie vie!  (Lire les Mots de Sophie en ajout à cette chronique.)

Deux générations

Aux derniers Championnats du monde, en mars 2025, à Pékin, Kim et Florence ont fait équipe avec Rikki Doak et Courtney Sarault pour remporter l’or au relais 3000m. Championnes du monde! Couronnées ensemble dans un sport individuel pour lequel la notion de coéquipiers est essentielle au succès.

Dans ce contexte, avec les années d’expérience qui la sépare de ses coéquipières, Kim se donne-t-elle un rôle de mentore, spécialement en cette année olympique? «Je ne me perçois pas comme ça. Chaque année je dois me renouveler. Les filles m’apportent énormément. Je ne me sens pas comme une vétérante, je ne suis pas dans cette énergie-là.»

Florence, en quête d’une deuxième participation aux Jeux olympiques jongle pour sa part entre expérience et apprentissages. «Je me perçois comme une séniore pour certains éléments: j’ai un bon bagage en préparation mentale. Mais pour les courses internationales, je n’ai pas tant d’expérience que ça.»

Deux générations de boursières sur la même équipe, coéquipières, puis aussi adversaires. Deux générations d’impact, à leur façon, avec une influence indéniable sur leur sport!

De père en fille

À propos des générations d’impact, la base de données de la Fondation Aléo contient plus de 5000 noms de boursières et de boursiers. Une liste qui se bonifie depuis maintenant 40 ans. Sous le nom Brunelle, deux lignes: Florence, Jean-François.

Jean-François Brunelle, joueur de hockey boursier en 1997-1998 de la Fondation, alors qu’il jouait pour les Patriotes de l’Université

du Québec à Trois-Rivières. Comme fait d’armes, il a notamment remporté la Coupe Memorial, comme en témoigne cette photo tirée du Momentum, à cette époque la revue annuelle de la Fondation de l’athlète d’excellence du Québec (ancien nom de la Fondation Aléo).

Jean-François est le papa de Florence.

Un fait que l’on constate de plus en plus souvent lors des remises de bourses, certains boursiers suivent un chemin déjà foulé par un de leurs parents, avec une vingtaine ou une trentaine d’années d’écart, souvent même sans savoir que leur mère ou leur père fait partie de cette grande famille.

Le mot de Sophie

Par Sophie Brassard, PhD 
Conseillère d’orientation – Responsable des services aux étudiant·e·s-athlètes 

«Lorsque je discute avec les athlètes, j’essaie de défaire l’idée préconçue d’avoir un «plan B». Dans le sport, il n’y a pas de plan B (carrière), car c’est un plan qui arrivera inévitablement même les champions olympiques. On parle donc d’avoir deux plans A : ton plan sportif et ton plan de carrière. Et l’objectif, pas si simple que ça, est de joindre ces deux plans pour n’en faire qu’un.  

Un équilibre personnalisé qui convient à l’étudiant·e-athlète selon son programme, selon son sport. Lorsque cet équilibre est trouvé, les bienfaits se font tout de suite sentir.  

Même les recherches le disent: «Un niveau plus élevé d’engagement dans la planification de la transition de carrière est lié à la sélection de l’équipe et au nombre d’années évoluant avec l’équipe. (Lavallée, 2019).» En d’autres mots : les athlètes qui sont investis dans leur carrière hors sport augmentent leurs chances d’atteindre le plus haut niveau et d’avoir une plus longue carrière.  

D’ailleurs, selon des données de Plan de match en 2025, des 202 athlètes des équipes nationales ayant répondu à ce sondage, près de 60% avaient un diplôme universitaire en poche! C’est énorme. 

Les recherches prouvent la conciliation étude et sport mène à une réduction du niveau de stress et donc même une amélioration des performances. Si l’athlète a l’impression qu’un nuage de stress le suit en compétition parce qu’il ne sait pas comment jongler avec ses études ou même ce qu’il aimerait faire en dehors du sport, la pression est bien plus grande. De plus, comme l’expliquent Kim et Florence, ça ouvre aussi la porte à élargir son identité et du même coup, son cercle social.  

Alors, oui la conciliation études et sport peut être vue comme compliqué, mais avec le bon équilibre, c’est très bénéfique. N’oubliez pas qu’on est justement là pour vous aider à le trouver cet équilibre!»

Boursiers et anciens boursiers en action aux Championnats canadien courte piste 2025

Kim Boutin (Beneva)
Florence Brunelle (Beneva)
Danaé Blais
Ann-Sophie Bachand
Victoria Jean-Baptiste
Mila Boivin

Steven Dubois
Félix Roussel
Maxime Laoun (comme golfeur en 2013-2014)
Mathieu Pelletier
Jérôme Courtemanche
Victor Roy-Lafrance
William Sohier
Justin Bergeron
Alexandre Migner
Alexis Dubuc-Bilodeau

 

 

 

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