Générations d’impact
de Marie-Hélène à Amélia
Amélia Sow vit le rêve! La joueuse de basketball de Québec participe présentement au Camp d’été de Stephen Curry, superstar de la NBA, une première pour une joueuse canadienne. Un nouveau fait d’armes dans le CV déjà débordant de l’adolescente accompagnée par sa famille, dans ce voyage comme dans son parcours.
Le sujet est dans l’air du temps: comment bien accompagner son enfant dans la poursuite de ses ambitions sportives? Guider, orienter, écouter, soutenir, motiver. Jeu d’équilibre fragile, précaire. Rencontre avec un duo mère-fille qui propose, humblement, sa vision d’une relation saine marquée par le sport.
Générations d’impact. Le thème de notre compagne philanthropique incarnée ici par Marie-Hélène Pedneau, boursière Aléo de 1999 à 2001, et sa fille Amélia Sow, elle aussi boursière Aléo en basketball, en 2024. Plus de 20 ans après sa maman. Soutenue par notre partenaire Planète Mobile.
Par François-Olivier Roberge
Fin juillet, douce chaleur dans la cour arrière de la résidence multigénérationnelle de la famille Pedneau-Audet-Sow. Ce matin-là, comme pour guider cet entretien, un article dans Le Soleil en provenance des Jeux du Québec. «Les Jeux du Québec assombris par quelques parents toxiques.» Certains parents l’échappent et encadrent maladroitement — le mot est faible — leurs enfants lorsqu’il est question de sport et de performance. Encore. Malheureusement.
D’emblée, une question s’impose à la maman athlète pour lancer notre discussion: comment guidez-vous vos enfants? Est-ce encore possible, aujourd’hui, de motiver son enfant et même de le pousser de façon saine à chercher son plein potentiel dans le sport?
«Nous, Sam et moi, on pense que oui. Oui, nos standards sont hauts. On ne s’en cache pas. Mais on vérifie toujours auprès d’elle. Est-ce que c’est ça que tu veux faire toi? Pour toi et pas pour nous? Et si la réponse est oui, on l’enligne!», explique Marie-Hélène en parlant de leur relation entre son conjoint Samuel Audet-Sow et leur grande fille. Les deux parents d’Amélia ont connu de brillantes carrières sportives et sont des figures reconnues sous le panier dans la région de Québec.
Pour Marie-Hélène, aujourd’hui coordonnatrice de centres de recherches à l’Université Laval, une façon naturelle que son conjoint et elle ont trouvée pour «pousser» leurs enfants, Amélia (16 ans) et Ismaël (14 ans), est de s’entraîner avec eux. «Je ne suis pas là pour dire : va courir, va lancer des ballons, mais on le fait avec eux. Musculation. Jogging. Pratique en gymnase. C’est plus facile de les motiver lorsque l’on donne l’exemple», explique-t-elle, consciente que cette recette n’est ni magique ni applicable à tous.
Une étoile est née
Plus jeune, Amélia est notamment passée par le ballet, la gymnastique, le soccer. Puis, son cœur a penché pour le basket, possiblement influencée par l’exemple de ses parents, mais jamais contrainte. Un choix qui lui réussit à merveille.
Celle qui se trouve présentement au 28e rang sur la prestigieuse liste ESPN (classant les meilleures joueuses de son âge en Amérique) reçoit déjà des dizaines d’offres d’universités américaines qui aimeraient qu’elle porte leurs couleurs à partir de l’automne 2027. La liste est longue? «Oui… plus d’une soixantaine déjà», alors que l’étudiante-athlète vient de conclure son 4e secondaire au Séminaire St-François, à Québec.
Depuis quelques années déjà, la joueuse de 6p1 accumule les points de compagnies aériennes telle une femme d’affaires qui brandit, presque banalement, sa carte NEXUS lorsqu’elle traverse les douanes.
Seulement en juin, elle a été nommée MVP au prestigieux camp Basketball Without Borders de la FIBA et de la NBA, au Salvador. Elle a participé à des tournois avec l’équipe B.1.C.E, qui ressemble plusieurs espoirs canadiennes, à Indianapolis, puis en Pennsylvanie, et a pris part au camp d’équipe Canada. Le tout au milieu de ses examens de fin d’année.
L’objectif : l’expérience et la visibilité auprès des entraîneurs de la NCAA qui paient pour assister à ces tournois. Amélia y participe depuis déjà 3 ans.

(Amélia, accompagnée de ses parents, Marie-Hélène et Samuel, ainsi que par Jacques Francisque, président de Planète Mobile. — Crédit Bartlema Photographie)
Deux générations de boursières
Deux réalités
«C’est un nouveau monde pour nous, aussi, précise la maman. On l’accompagne là-dedans et le mot d’ordre est son bien-être, dans toutes les sphères de sa vie. Qui de mieux placer que ses parents pour être certains que son bien-être et ses intérêts passent avant tout!?»
Comment Amélia perçoit-elle le rôle de ses parents dans son univers de basketball? «Mon père est davantage le ‘‘coach’’ à l’extérieur des games et des équipes. On court ensemble, on est dans le gym ensemble. Maman, comme elle est assistante sur le banc, on fait tout ensemble. On voyage ensemble, on mange ensemble dans les tournois. Les deux sont présents pour moi, de façons différentes.» Ensemble, complémentaires.
Au moment de cet entretien, l’objectif présent était clair : repos. Deux semaines à penser à autre chose qu’au ballon et l’entraînement. Pour son corps, certes, mais pour sa tête aussi, surtout.
Aujourd’hui, 14 août, elle vit une nouvelle première et côtoie Stephen Curry, sans aucun doute l’un des meilleurs joueurs de basketball de l’histoire. Seulement 10 filles et 10 garçons ont été sélectionnés pour ce camp de 3 jours. «Ça, c’est vraiment cool! Ce n’est pas une opportunité qui vient tous les jours», commente calmement Amélia. La famille en profite pour visiter et aussi pour vivre le moment à travers les yeux de leur grande adolescente.
Pour vivre ce moment, une première pour une joueuse canadienne, Amélia a dû se désister de l’équipe du Québec qui participe présentement aux Jeux du Canada, à Terre-Neuve. Un dilemme difficile pour celle qui ne voulait pas abandonner ses coéquipières et amies.
Des choix difficiles, la garde en aura plusieurs dans les prochaines années. À commencer par celui qu’elle a récemment fait de quitter le SSF pour conclure son secondaire et sa 12e année en Ontario. Le transfert officialisé par le «Amélia Sow Committed» bien en vue sur les réseaux sociaux de Fort Erie International Academy, marqueur de l’air du temps.
Elle s’y rendra au début septembre, loin de ses parents, et des siens. À plus de 900 km de la maison, et, à quelques pas, littéralement, de la frontière américaine. Un signe qui ne trompe pas. Sa maman promet qu’elle ira souvent sur place. Peut-être même aider comme coach, comme elle le faisait déjà dans l’équipe d’Amélia au SSF aux côté de l’entraîneur-chef David Levasseur.
Puis au printemps, les universités américaines auront officiellement le droit de l’accueillir pour lui présenter les lieux et tenter de la charmer. Les règles sont très strictes et pour l’instant, elle peut seulement être contactée, lors de certaines périodes, mais n’a pas le droit de s’y rendre en visite officielle.
Quels sont les éléments clés qu’elle y cherchera? «Un style de jeu qui fite avec le mien. Le campus, l’historique du programme, et avoir du temps de jeu dès mon arrivée. Ce sont des décisions qui je prendrai rendue là.» Le côté académique aura également une importance cruciale. «Je ne veux pas passer 4 ans à seulement jouer au basket. Je veux en ressortir avec un diplôme reconnu partout dans le monde.»
La question à savoir ce qu’elle ferait éventuellement avec ce diplôme n’a pas été abordée. Rappelons-nous qu’Amélia est encore au secondaire! Étape par étape. Et parmi toutes les qualités qu’elle développe présentement, son sens du leadership semble trôner au sommet. Une leader, influencée par des leaders. Une qualité qui la suivra toute sa vie, et qui lui permettra d’avoir un impact concret sur sa communauté.
Étape par étape. Bien encadrée. Aimée. Amélia poursuit son chemin avec la confiance d’une adolescente qui sait qu’elle a tout pour réussir et qui désire prendre son destin entre ses mains.

(Crédit photo Instagram Basketballwithoutborders)
Les mots de Sophie
Saviez-vous qu’en psychologie du sport, on parle d’identité athlétique?
Par Sophie Brassard, PhD
Conseillère d’orientation – Responsable des services aux étudiant·e·s-athlètes
Conceptualisée par Brewer et al. (1993), l’identité athlétique est définie comme le degré d’identification au rôle d’athlète et le degré d’exclusivité qu’une personne accorde à ce rôle. S’identifier fortement comme un athlète n’est pas nocif, au contraire, cela peut même aider à progresser dans les niveaux! Cependant, on doit particulièrement s’attarder à la deuxième partie de la définition : le degré d’exclusivité.
Le danger est de s’identifier seulement à son rôle d’athlète. Plus la personne a du succès et est reconnu comme athlète, par exemple en étant médiatisé, plus il peut être difficile pour cette personne de se définir autrement que par le sport. Le rôle des parents est ici très important. Pouvoir parler d’autres choses que le sport, s’intéresser aux autres aspects de la vie de son enfant, l’aider à se développer comme personne d’abord.
Bien qu’ils se sentent appuyés, plusieurs athlètes peuvent avoir peur de décevoir leurs parents en prenant certaines décisions ou avoir peur de perdre de la valeur aux yeux de leurs proches s’ils ne poursuivent pas une carrière de haut niveau.
Il est donc important, comme le démontrent Marie-Hélène et Samuel pour Amélia, que le jeune sente l’intérêt de ses parents pour les autres sphères de sa vie. Ceci l’aidera aussi dans son cheminement professionnel et lors de ses choix de carrière. C’est d’ailleurs pour cela qu’on offre ce service à la Fondation Aléo! Boursier et boursière à vie!



